Un autre sujet très intéressant que nous aborderons dans cette interview est justement le sexisme culturel. Nous n’en avons pas encore parlé sur le site, mais nous avons réalisé à cet effet une interview avec trois hommes transgenres.
Nous sommes allés au lieu-dit X à Paris. Il y avait trois amis partageant des frites, buvant du whisky et discutant de leur vie. Parmi ces amis, il y avait Jules Martin qui s’apprêtait à proposer à sa petite amie. Pendant qu’il parlait de tout ce qu’il voulait faire et des projets qu’il avait prévus, ses amis, Léo Dubois et Lucas Dupont, étaient attentifs à ses envies. Ces trois hommes sont transgenres et partagent leurs expériences uniques de vie et de transition.
Jules, comment as-tu su que ta petite amie était la bonne ?
Jules Martin : En effet, c’était au boulot qu’on s’est rencontrés, c’était à ce moment que je lui ai dit que j’étais un homme transgenre, mais elle était déjà amoureuse de moi à ce moment-là. Bah, je lui ai quand même dit que je suis trans et qu’elle ne voudrait pas de moi de toute façon. Mais elle a souri et m’a répondu facilement : “Je me fous de tout ça, tout ce que je veux, c’est toi et je suis amoureuse, rien ne va pouvoir changer ça.” Alors, à ce moment-là, j’ai compris que c’était elle la bonne !
Lucas Dupont : Je le savais, c’est la bonne mec, sans aucun doute !
Vous êtes trois amis transgenres de femme à homme et je suis sûre que vous avez chacun des histoires fascinantes. Est-ce que vous pouvez en parler un peu plus par rapport à tout ce qui a changé après que vous avez fait la transition de genre, de femme à homme ?
Léo Dubois : En fait, avant de faire la transition, je voulais déjà depuis l’âge très jeune de 12 ans devenir un père, et un mari aussi. C’était pour moi un rêve et une des aspirations que je voulais réaliser vraiment. Mais après que j’ai fait la transition en homme, j’ai beaucoup compris qu’il y avait beaucoup de différences par rapport à comment les gens me voyaient, me jugeaient et me traitaient aussi. Vu que j’étais devenu homme, professionnellement, j’ai été plus respecté, mais en intimité, c’est un peu perdu. C’est comme si le monde me donnait un peu plus de pouvoir et d’autorité, mais je suis devenu un peu plus méfiant aussi !
Lucas Dupont : En fait, on pourrait parler de sexisme culturel quand on a vécu à la fois dans le passé en tant que femme et au présent en tant qu’homme. Comme lorsque ma transition s’est faite, j’ai remarqué que je passais plus facilement inaperçue, c’est à dire que j’étais un peu moins vulnérable par rapport à la transphobie qui était aussi très évidente. Bon, c’est ce qu’on appelle passer ou il fallait être discret, je ne sais pas. En tout cas, cela signifie beaucoup qu’une femme grande soit un peu plus remarquée par les autres qu’un homme un peu petit d’1m66.
James Ward : Avocat lyonnais, je connais le domaine juridique, mais dans ma pratique du droit, j’ai compris qu’il y avait beaucoup de différences dans les faits. Avant, quand j’étais une femme, tout ce que je disais, y compris mes opinions, était tout le temps remis en question. Maintenant que je suis devenu un homme, mes paroles sont davantage prises en compte par beaucoup de mon entourage et même dans le monde professionnel. Par exemple, un jour, mon adversaire a fait un doigt d’honneur à un juge, ce qu’il n’aurait jamais pu faire si j’avais été une femme.
Alors, qu’est-ce qui a pu être affecté par tout cela dans votre vie quotidienne, vos relations personnelles et autres, et votre travail ?
Lucas Dupont : En effet, lorsque j’étais encore une femme, beaucoup d’hommes qui étaient collègues à moi disaient des choses pas très bien sur les femmes et qu’ils ne diraient jamais en leur présence. Pour eux, les collègues féminines sont seulement pleines de charmes féminins qui leur feront grimper des échelons. C’est un peu choquant à mon avis !
Jules Martin: Et pour rajouter encore à cela, il y a eu, lorsque je suis devenu homme, des conversations très crues que les hommes ont entre eux dans les lieux de travail. C’est-à-dire qu’en tant que femme, ce n’étaient que des discussions inutiles et destinées à dénigrer les femmes. Et une fois que je suis devenu homme, les blagues et les commentaires n’étaient plus du tout censurés.
Léo Dubois : Et oui, c’est vraiment ça, tu as raison, depuis que je suis devenu homme, il y a beaucoup plus de confiance que les patrons m’accordent. En tant que femme, personne ne m’a jamais fait confiance au travail, et maintenant, je suis à un poste très bien et même en lice pour devenir le favori du patron, grâce à ma transformation en homme.
Alors, est-ce que la prise d’hormones masculinisantes a vraiment changé votre comportement et votre perception de vous par rapport à votre corps ?
Lucas Dupont : À vrai dire, après avoir pris de la testostérone pendant un certain temps, j’ai remarqué que j’étais plus tranché dans mes décisions, je suis moins indécis désormais. Par exemple, avant, pour choisir un plat au restaurant, ça prenait beaucoup de temps et ensuite, une fois devenu homme, j’ai pu choisir facilement en 2 ou 3 minutes seulement. En tant qu’homme aussi, on est moins préoccupé, enfin, c’est ce que je pense seulement hein !
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