Voici une interview de deux personnes transgenres détransitionnées. Ce n’est pas une histoire anodine, mais ils ont décidé de la partager avec nous afin que nous puissions comprendre qu’il y a plusieurs facettes à être transgenre ou non. De plus, il faut aussi comprendre que beaucoup de gens vivent ce genre de situation sans savoir quelle décision prendre et c’est là que cet entretien entre en jeu pour aider les gens à comprendre ce qu’il faut savoir et comment surmonter ou non certains obstacles évidents sur le chemin !
Bonjour, vous êtes Ellie et Nele, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce qui s’est passé dans votre vie avec la transition et la détransition de genre ?
En fait, nous avons une histoire qui n’est pas anodine sur le terrain et dans la communauté LGBT d’ailleurs. Nous avons eu beaucoup d’expériences sur nos corps qui font que nous avons maintenant une relation privilégiée et une connexion où nous avons vécu les mêmes choses et nous sommes là, ensemble pour la vie !
D’après ce dont nous avons parlé, vous avez tous les deux pris de la testostérone puis avez subi une mastectomie, y avait-il une raison pour que vous puissiez faire une détransition ?
« Oui en effet, c’était l’année dernière, nous avons finalement décidé d’arrêter le traitement hormonal de masculinisation et de recommencer à nous appeler par des prénoms et des pronoms féminins. En fait, pour ma part, je suis ravie de ne pas avoir subi d’hystérectomie car après, je retrouverai une apparence féminine » – Nele
Alors, les démarches que vous avez entreprises après l’arrêt de la testostérone, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Evidemment des choses vont arriver, comme si nous avions de plus en plus de corps féminins, nos visages sont devenus de plus en plus doux, mais le problème c’est que ma voix ne sera plus jamais la même que lorsque j’étais une femme depuis que j’ai eu un voix douce avant ma transition vers un homme, mais une fois détransitionné, je suis resté avec la voix un peu grave d’un mec, comme un ténor !
Si possible, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre enfance ?
Si vous voulez savoir, ce n’est pas quand j’étais enfant que j’étais mal à l’aise en tant que fille, mais une fois arrivée à l’adolescence. C’est à dire que quand mon frère me disait qu’il était fier d’avoir une petite sœur devenue une femme comme moi, c’était un peu inconfortable selon moi. Pour moi, ce n’était pas le plus cool puisque je ne voulais pas être une femme, mais un homme, je voulais être neutre à ce moment-là – Nele
Alors, parlez-nous un peu plus de votre adolescence ?
Ce fut une puberté un peu difficile à traverser, puisque j’avais même des seins avant de savoir quoi en faire, ni à quoi ils servaient, ni ce qu’ils signifiaient. En fait, je me sentais un peu plus enclin à devenir un homme, ce qui m’a causé des problèmes de comportement. Mais j’avais un peu peur de me révéler lesbienne.
Une fois que j’avais eu 19 ans, j’ai réalisé qu’il m’était possible de devenir transgenre. Alors, j’ai consulté un médecin qui m’a directement mis sur la voie de la prise d’hormones et de m’appeler en tant qu’homme en fait. Plus tard, après 3 mois en fait, j’ai commencé à prendre de la testostérone et à subir des ablations de seins après 10 mois.
Est-ce qu’il y a eu une motivation qui a fait que vous avez commencé à prendre de la testostérone ?
C’était à 17 ans, lorsque j’ai vu des vidéos de mecs qui sont trans et que cela m’a beaucoup attiré et inspiré en fait. Ensuite, j’ai trouvé un médecin que mes parents m’ont conseillé et qui a affirmé en vrai que les effets de la prise d’hormones étaient réversibles, ce qui n’était même pas vrai ces affirmations. Ensuite, à 17 ans, c’était une double mastectomie que j’ai subie : Ellie.
Alors, qu’est-ce qui a affecté votre mental et bien-être par rapport à la transition ?
Même si j’ai fait de la détransition, mon désespoir n’a pas terminé, c’était un peu que j’avais honte de mon anorexie et ensuite, j’étais toujours suicidaire et j’étais toujours obsédé par un régime alimentaire drastique. Mais j’avais peur d’en parler au docteur et au thérapeute parce que j’avais peur que mon traitement hormonal, il l’arrête. Ellie.
Alors, est-ce qu’il y a une chose que vous voulez dire qui a fait que vous vouliez reconsidérer votre transition ?
En fait, j’ai fait des études en transition de genre, ensuite, j’ai commencé à prendre conscience des débats qu’il y avait entre les activistes transgenres et les féministes qui sont radicales. On m’a aussi diagnostiqué une atrophie vaginale, ce qui a été un effet secondaire de la prise de testostérone, ce qui m’a fait prendre conscience qu’il me fallait arrêter la testostérone : Ellie.
Alors, qu’est-ce qui a fait que c’était la décision finale par rapport à la détransition ?
En fait, on voulait revenir à notre corps d’avant, celui naturel. C’est-à-dire que si l’on a pensé à retourner à mon corps naturel, ça faisait un peu peur avant puisque je me suis fait transitionner pour échapper à des problèmes psychologiques principalement.
Comment avez-vous pu gérer votre vie après la détransition ?
Nous avons fait beaucoup de posts sur nos réseaux pour que des gens comme nous puissent également partager et lire nos expériences. De nombreuses histoires de détransition sont là pour aider à l’approche et à la compréhension de soi. Mais d’autres encore dénigrent ce genre de choses et l’utilisent à des fins transphobes. Mais nous voulons montrer aux gens que la détransition est une expérience en soi qui a du sens et qui est faite pour qu’on se retrouve !
Alors, comment votre entourage a-t-il réellement réagi après votre détransition ?
« On a constaté qu’ils avaient du mal à comprendre le choix, mais ils se sont adaptés, enfin c’est ce que je pense. Mais mon père trouve ça beaucoup plus complexe, mais il se rend compte que c’est toujours moi et que je reste moi.” -Élie.
Regrettez-vous un peu, voire une infime partie, de vos choix ?
Les changements physiques nous ont certainement aidé à grandir, c’est-à-dire que nous nous sentons désormais plus proches de notre corps. En fait, Nele et moi ne voulions pas de chirurgie reconstructive. C’est un parcours qui nous a fait gagner beaucoup de confiance, tu sais ?
Alors, avez-vous d’autres projets pour l’avenir ?
En fait, nous regardons d’abord où cela nous mènera probablement, peut-être avec des chats ou des animaux de compagnie. Mais nous nous en tenons actuellement à utiliser des noms féminins uniquement pour nous-mêmes, même lorsque nous sommes des hommes trans.
En tout cas, nous vous remercions beaucoup pour ce témoignage poignant que vous nous avez livré.
Nous vous remercions également d’avoir pris le temps de raconter notre histoire.
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