Coucou,
Je m’appelle Sophie, j’ai 39 ans, je suis née garçon et j’adore porter des vêtements de femme. Oui, comme la société nomme un tel cas, je suis une travestie. De nos jours, il y a de nombreuses études sur ce domaine et comme plusieurs milliers de gens peuvent se demander comment une personne devient travestie, je vous raconte mon histoire.
Je peux dire qu’il n’y a rien de particulier dans ma famille, mes parents ne sont pas divorcés, j’ai grandi dans une famille en harmonie. Mon père, ma mère et ma grand-mère (celle de ma mère).
Déjà très tôt dans ma vie, j’ai senti une affection aux collants nylon. Je me souviens très clairement qu’à l’âge de 4 ans, quand mes parents m’ont apporté à l’école maternelle, dans le tram j’ai regardé les jambes nylonnés des femmes et j’y ai pensé avant de m’endormir. Puis, à l’âge de 5-6 ans, j’ai eu une aventure. La fille des voisins est venue chez nous avec sa famille – elle était 4 ans plus âgée que moi – et elle m’a demandé d’ajuster son collant sur ses pieds. J’ai considéré ça comme mon premier souvenir par rapport à mon affection aux collants nylon.
Puis, comme je grandissais, cette affection n’a pas disparu. J’ai essayé les collants de ma mère en cachette. Plus tard, dans la puberté, cela est devenue une image dans mes fantaisies sexuelles quand j’ai connu les plaisirs de l’onanisation. A partir de là, le collant est souvent apparu dans mes fantaisies sexuelles. Quand je voyais une fille, je désirais toujours porter la même tenue qu’elle portait. Y compris tout. Collant, jupe, talon, maquillage. Et encore, je n’ai jamais compris pourquoi j’avais cette affection aux collants. J’ai cru que c’était dû à mon aventure avec la fille des voisins.
La liberté m’a rendu une visite quand je suis devenue étudiante et j’habitais dans un appartement loué. Là, j’ai pu acheter mes propres collants, puis pas seulement des collants. Je m’y suis acheté ma première jupe et soutien-gorge et je les ai essayés. Je adorais les porter. Je me suis sentie vraiment femme, encore sans savoir les causes de mon affection. J’avais des copines et je les ai envié d’avoir la possibilité de porter de jolis collants nylon, j’aurais voulu tellement les porter. Le simple fait que ma copine pouvaient porter un collant nylon était tellement désagréable que j’avais toujours peur avant de la rencontrer (sachant qu’elle porterait un collant et que ça serait très désagréable, voire pénible pour moi). Oui, cette sensation s’est intensifiée jusqu’à la peur ! J’avais très très peur de la voir en collant nylon sachant que ce serait impossible pour moi ! Et je souligne : sans en savoir les causes.
Puis, j’ai connu une fille qui est devenue d’abord ma fiancé, puis ma femme. Je lui ai dit mon affection aux collants. Je n’ai pas osé lui dire pour mon travestissement, car je n’ai pas osé me l’avouer à moi même. Je n’ai pas osé utiliser ce mot. Elle m’a demandé de le dire aussi à une amie que nous avons connue tous les deux, qui est devenue ma confidente. Elle voulait avoir l’avis de quelqu’un d’autre. Cette amie, elle a insisté pour que je rencontre un psychologue. J’en ai trouvé un dans une autre ville, à 200 km de mon domicile. Je suis allée chez elle et elle a commencé à m’interroger sur mes souvenirs d’enfance.
Je lui ai raconté l’aventure avec la fille des voisins à mon âge de 5 ans. Elle m’a répondu : « remontons encore un peu dans votre passé, vers votre plus jeune âge. » J’étais extrêmement étonnée. J’avais des souvenirs de mon plus jeune âge auxquels je n’avais pas attribué une grande importance.
Auparavant, j’avais su que mon grand-père (le père de ma mère) s’était suicidé. Je l’ai su avant l’an 2000. Ma mère m’avait dit qu’elle ne voulait pas que j’entre dans le nouveau millénium sans le savoir.
Alors, remontons à ce premier souvenir d’enfance, à l’âge de 2 ans. Ma mère avait une très bonne amie, une amie d’enfance qui habitait à côté de chez nous. Quand j’avais 2 ans, elles m’ont habillé en fille, une petite robe, un ruban rose dans mes cheveux. Je connaissais cet événement, mais je n’y ai pas attribué une grande importance. J’en avais vu même des photos : moi portant une robe avec un ruban rose et une coiffure pour filles. J’étais très étonnée à la question suivante de ma psychologue : « Comment savez-vous que ça vous est arrivé une seule fois ? »
Et à ce point là, j’ai commencé à reconnaître la mosaïque. Je dois ajouter qu’il y avait d’autres choses auxquelles je n’avais pas attribué une grande importance. Pendant mon enfance, j’ai souvent entendu ma grand-mère dire : « si ton grand-père avait eu un tel fils comme toi, comme il aurait été heureux ! Mais il n’avait qu’une fille. Quand ta mère est née, il a téléphoné à l’hôpital et quand il a su qu’il avait eu une fille il a même oublié de payer pour le téléphone. »
Alors, j’ai commencé à comprendre que tout comme mon grand-père n’a pas accepté ma mère comme fille, ma mère, à son tour ne m’a pas accepté comme garçon. Et si vous pensez que c’est fini, vous avez tort. Jusqu’à l’âge de 3 ans (quand j’ai dû aller à l’école maternelle) j’avais des cheveux longs. L’explication de ma mère : le bout de mes cheveux était frisé et ça lui plaisait tellement. Et elle dit encore aujourd’hui que c’était le docteur qui lui a conseillé de me faire couper les cheveux, et elle le dit avec une grande fierté.
Je me souviens très clairement que ma mère me disait souvent : donne-moi ta culotte, je vais la laver. Et je me souviens mon père répondre : « Hé, ce garçon n’a pas de culotte, il a un caleçon ! »
Et ce qui est plus choquant : quand j’étais petit, c’était ma mère qui me lavait les cheveux. Et elle me les séchait tandis que moi j’étais assis dans la baignoire plein d’eau. L’explication de ma psychologue : c’était le subconscient freudien : sans vraiment savoir, elle voulait me tuer. Parce qu’elle n’a pas pu accepter un fils, elle voulait une fille. Bien sûr, seulement au subconscient. D’ailleurs elle m’aimait beaucoup et elle a voulu me donner tout ce qui était possible. Sauf m’accepter comme garçon.
L’histoire ne finit pas encore. J’ai grandi donc, la famille était en harmonie, ma vie interne pas tellement et je ne savais pas pourquoi. Nous habitions un petit deux pièce, et jusqu’à l’âge d’aller à l’université, je dormais dans la même chambre que ma grand-mère. Pas une solution saine, mais y en avait pas d’autre.
Et ma mère n’a pas fini ma féminisation non plus. Elle m’a donné un autre choc, elle ne sait même pas combien c’était grave. Quand j’avais 12 ans, on a appris qu’il y avait une possibilité d’apprendre à patiner sur glace. Mes parents m’y ont pris et j’ai appris à patiner. A la fin de l’enseignement on nous a dit qu’il y avait une possibilité de jouer dans l’équipe de ice hochey et j’ai commencé à fréquenter les entraînements. Je suis allé à un camp d’entraînement d’été à la fin duquel mon entraîneur et moi nous sommes mis d’accord pour continuer en septembre. Je dois avouer, j’avais beaucoup de respect pour mon entraîneur. Il était marrant.
Et en septembre, ma mère m’a interdit de fréquenter les entraînement de ice hockey. Selon son explication, c’était parce que j’ai eu deux mauvaises notes en mathématiques. C’était le choc-même. Je dois expliquer pourquoi. Retenons donc, que c’était à l’âge de 12 ans, c’est-à-dire au début de la puberté. Je me souviens clairement de cette époque-là. Chaque soir, avant de m’endormir, je souhaitais être une fille parce que les filles pouvaient porter des collants nylon. (Ma couleur préférée était la couleur chaire, celui quand il était presque impossible de dire si une fille portait un collant ou pas.). Moi je désirais avoir la même chance. Je pensais toujours combien les filles avaient de la chance et combien je voulais, moi aussi porter un collant nylon. J’ai réussi à réconcilier ces désirs d’une seule façon : en disant qu’il est tellement bon d’être garçon, parce que comme ça, je peux jouer au ice hockey. Et ma mère a coupé tous mes rêves et avec ça la présence de la masculinité dans ma vie. (Retenons qu’à cette époque-là le ice hockey était pratiqué uniquement par des garçons. Aujourd’hui, le monde a changé, il y a aussi des équipes pour les filles dans beaucoup de pays). Pour moi, le ice hockey représentait la masculinité. J’ai respecté mon entraîneur et brusquement c’était coupé.
Alors, qu’est-ce qui est resté pour moi ? Le désir incompréhensible pour le collant nylon. Incompréhensible jusqu’à ce que j’aie visité ma psychologue et la mosaïque est devenu visible. Comme j’ai déjà dit, je me suis achetée toutes sortes de vêtement quand j’étais étudiante.
Je me souviens avoir mis mon premier soutien-gorge, pour la première fois dans ma vie. Comment était la sensation ? Excitant. Oui, excitant, mais pas sexuellement comme pour un fétichiste. Excitant comme pour une fille adolescente qui met un soutien-gorge pour la première fois dans sa vie.
Et comment je trouve la sensation de porter un soutien-gorge aujourd’hui ? Je vais vous étonner. NATURELLE. Tout à fait. Pour moi, porter un soutien-gorge, un collant nylon, une jupe ou talons, me maquiller, c’est quelque chose qui appartient à moi, qui est tout à fait naturel. Pourquoi, vous pourriez demander sans connaître mon histoire. Mais après l’avoir connu, vous pouvez comprendre que dedans, je me sens femme.
Comment ça se manifeste dans la vie quotidienne ? Quand j’ai l’occasion de porter des vêtements féminins, c’est agréable, Le problème, c’est que je n’en ai pas l’occasion très souvent. Et quand c’est le cas, c’est la douleur. Bien que je porte des collants nylon en hiver, voir mes collègues en jupe, les voir se maquiller, c’est la peine. Et tout ça, c’est grâce à ma mère. Par là, je ne veux pas dire que j’ai eu une mauvaise mère, mais elle a certainement rendu ma vie plus compliquée.
Comme femme, je me suis choisie le prénom Sophie. Je ne sais pas pourquoi, peut-être c’était mon actrice préférée, Sophie Marceau qui m’a influencé.
Sophie
P.S . Dans la vie quotidien, en tant que homme je vis dans une famille en harmonie avec ma femme et avec nos filles. Ma femme connaît mes désirs pour les vêtements de femme. Elle n’en est pas heureuse, mais elle le supporte. Elle m’est fidèle, elle fait des sacrifices. Nous avons tous les deux nos propres difficultés. Elle porte rarement la jupe pour rendre les choses plus acceptable pour moi. Nous voudrions porter des vêtements plus féminins plus souvent, nous cherchons l’harmonie dans ce domaine.
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